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De la croissance au développement

La révolution industrielle qui touche l'Angleterre, puis les autres pays d'Europe, aux xviiie et xixe siècles, marque le début d'une longue période de croissance qui rompt avec la très lente évolution des siècles précédents. Cette croissance, bien que jalonnée de crises, s'est accompagnée d'un important développement, qui a considérablement changé les structures de l'économie et provoqué de profondes mutations dans la société. Après avoir été exceptionnelle (5 % par an) pendant les Trente Glorieuses (1945-1975), la croissance dans les PDEM (pays développés à économie de marché) a faibli (2 % par an environ). On parle cependant moins de crise que de ralentissement de la croissance.

1. Qu'est-ce que le développement par rapport à la croissance ?
La croissance s'accompagne généralement de mutations structurelles (évolution démographique, urbanisation, répartition des actifs, scolarisation), qui se traduisent par une amélioration du niveau et de la qualité de vie. La notion de développement recouvre l'ensemble de ces changements qui touchent aussi bien le domaine économique (production, consommation), que le domaine social (secteurs d'activité, professions et catégories socio-professionnelles, ou PCS), politique (État) ou culturel (éducation, mode de vie).
Par rapport à la croissance qui est purement économique et quantitative, le développement est donc une appréciation qualitative qui se mesure difficilement. Cependant, en 1990, le PNUD (Programme des Nations unies pour le développement) a élaboré un indicateur composite, l'IDH (indicateur de développement humain), qui permet de comparer le niveau de développement des pays.
Cet indicateur regroupe plusieurs critères :
— le PIB/habitant (niveau de vie) ;
— le niveau de santé des populations (mesuré par l'espérance de vie à la naissance) ;
— le niveau d'instruction des populations (mesuré par le taux d'alphabétisation des adultes, pour 2/3, et par le nombre moyen d'années d'études, pour le tiers restant).
Ainsi le développement est-il étroitement lié à la croissance : il l'accompagne et la favorise. S'il est possible que la croissance ne s'accompagne pas du développement (quand la redistribution ne s'effectue pas au niveau national, comme dans certains pays producteurs de pétrole où la croissance est forte, mais où la société présente encore de nombreux archaïsmes), il ne peut y avoir de développement sans croissance : l'amélioration des conditions de vie d'une population ne peut se faire sans moyens matériels importants.

2. Quels sont les facteurs culturels qui influent sur le développement ?
Les facteurs qui favorisent la croissance, et donc le développement, sont d'abord économiques : amélioration de la production (augmentation de la productivité), progrès techniques (idées nouvelles), élargissement du marché, multiplication des échanges avec les autres pays. Mais tous ces facteurs, très dépendants des uns et des autres, ne sont pas seuls à jouer un rôle décisif. Certains facteurs politiques et culturels sont aussi à l'origine du développement.
En effet, il s'avère que les valeurs ont une influence déterminante, selon la thèse développée par Max Weber. Partant du constat que le capitalisme est né dans les pays influencés par la Réforme protestante, il estime que cette religion, qui véhicule les valeurs de travail et d'ascétisme, a favorisé l'enrichissement et l'épargne, contrairement au catholicisme qui condamnait tout forme d'enrichissement ainsi que le prêt à intérêt.
Aujourd'hui, on constate des similitudes culturelles dans les sociétés des pays développés : ouverture intellectuelle (liberté de parole), recherche de la rationalité (recul de la religion au profit de l'approche scientifique), individualisme (recherche du bien-être personnel), liberté politique (système démocratique).

3. En quoi l'État constitue-t-il aussi un facteur de développement ?
Dès le xixe siècle, l'État joue un rôle primordial dans le développement. Il participe activement à la construction de chemins de fer et de routes, à l'installation du réseau électrique et téléphonique, il protège les marchés de la concurrence extérieure, il intervient dans l'éducation (en France, l'école devient obligatoire, publique et laïque).
Au xxe siècle, avec les deux guerres mondiales et la crise de 1929, la place de l'État progresse encore : une régulation plus centralisée de l'économie semble nécessaire ; l'État doit intervenir pour relancer l'économie et réduire le chômage. Ainsi s'instaure l'État-providence, qui s'occupe du bien-être social grâce à la mise en place d'un système de protection (maladie, chômage, retraite). Dans certains pays, comme l'URSS, l'implication de l'État dans le domaine économique et social était fondamentale (planification autoritaire, propriété des moyens de production, etc.).
Cependant, l'intervention de l'État n'est pas le garant sans faille du développement : d'une part la corruption et l'enrichissement personnel peuvent pervertir le système ; d'autre part son action, confrontée à la mondialisation de l'économie, n'est pas toujours efficace (échec des politiques économiques). Dans certains pays, l'État connaît aujourd'hui une crise de légitimité, la question n'étant pas tant de savoir s'il faut moins d'État que d'améliorer ses performances.

La citation
« Le développement humain est le processus qui conduit à l'élargissement de l'éventail des possibilités offertes aux individus. L'amélioration du revenu figure incontestablement au nombre de ces possibilités, mais il en est beaucoup d'autres. L'objectif du développement doit être de permettre aux hommes de jouir d'une longue vie, d'être en bonne santé et d'exercer leur créativité, vérité simple mais souvent oubliée dans la frénésie qui pousse à l'acquisition de biens matériels et à l'accumulation des richesses. » (PNUD, Rapport mondial sur le développement humain, 1992)

 

 

Prof.: Tchamgoue Buttinol Pierre   - Thomasta.com -  Contactez-nous